Environnement et politique / Pour un Ministère de l'aménagement du territoire ou... dormir en ville

Comme vous vous en doutez bien, le Ministère des transports du Québec n'a pas pour mission d'aménager le territoire : il se contente de planifier et de sous-contracter l'élargissement de routes en autoroutes, la réparation des infrastructures, le pavage des nids de poule. Il prépare des bons de commandes, fait des appels d'offre et surveille les chantiers, la qualité des travaux en cours. De temps à autres, il planifie et fait réaliser une A-30, etc.

Son rôle n'est pas de «penser» à long terme le développement urbain et périurbain lié à la croissance et à la concentration «organique» de la population le long du fleuve Saint-Laurent et de ses principaux affluents en des villes telles que Hull, Montréal, Trois-Rivières, Québec.

Du mieux qu'il le peut, le Ministère faufile et gonfle depuis des dizaines d'années ses veines et artères dans le tissu de plus en plus resserré de nos villes et banlieues. Osons le dire, de nos mégapoles, des mégapoles de plus en plus sclérosées, congestionnées. Bref, les heures de pointe s'étirent tout autant que les bouchons... qui se font toujours plus nombreux. Une panne à l'entrée d'un pont «stratégique» et «c'est le stationnement». 

Quand on jette un coup d'oeil à la croissance démographique du Québec, on constate que la population aura doublé entre 1951 et 2011, passant, grosso modo, de 4 millions à 8 millions d'habitants.

1901 : la population du Québec est de 1 648 898 habitants.
1951 : 4 055 681
1961 : 5 259 211
1971 : 6 137 306
1981 : 6 547 705
1991 : 7 064 586
2001 : 7 396 990
2011 : 7 900 000 (projection de l'ISQ)
2021 : 8 500 000 
2031 : 8 800 000
2041 : 9 000 000
2051 : 9 200 000

Dans 10 ans, environ 600 000 personnes se seront ajoutées, principalement en zone urbaine, évidemment.

Plutôt que de voyager matin et soir, entre les Laurentides et Montréal, l'une de mes amies s'est finalement résolue à dormir en ville. Je présume que de plus de voyageurs transurbains adopteront ce comportement dans les mois et les années à venir. Alors, si vous avez une chambre à louer en ville «sur semaine», vous ferez un ou une heureuse, c'est sûr. Ce qui vous fera un petit revenu d'appoint, comme on dit.

Mais y a-t-il des solutions autres que de «dormir en ville»? Et, surtout, posons-nous sérieusement la question : comment, diable !, en sommes-nous arrivés là? Car, dit-on, «le passé est garant de l'avenir»... Ce qui augure plutôt mal, n'est-ce pas? Comment les gouvernements qui se sont succédés depuis 1951 n'ont-ils pas vu venir de tels emmerdements? Ah oui ! le développement, la croissance économique... Ils n'ont pas su prendre à temps et au fil du temps «des contre-mesures», ils n'ont pas su «ajuster le tir»... Pourquoi? Comment est-ce possible en regard de l'évidence klaxonnante de nos heures de pointe?

Serait-ce parce que ministres et ministères ne se concertent pas? Qu'ils ne se coordonnent pas? Qu'ils ne pensent pas ensemble de manière globale et «anticipative»? S'ils n'y arrivent pas, peut-être devrions-nous faire comme aux États-Unis et comme dans tant d'autres pays industrialisés : former des «think thanks» (laboratoires d'idées) ayant pour mandat de réfléchir sur une problématique et de proposer des solutions à notre gouvernement.

Ou carrément créer un Ministère de l'aménagement du territoire, puisque la Commission de l'aménagement du territoire n'y arrive pas. Les «commissions parlementaires», vous savez bien que cela mène généralement à des rapports tablettés. MRCs et Union des municipalités n'en viennent pas à bout non plus.

Un tel Ministère devra se résoudre à adopter une approche globale et radicale : reconfiguer le tissu urbain en déplaçant «les pôles d'attraction» des centres villes vers leurs banlieues et ce, en incitant fortement les employeurs à la délocalisation. Il faudra évidemment «cibler le bon gibier» et utiliser «le bon calibre»... de taxation ou de «prime à la délocalisation». Je sais, ça va hurler. Mais je ne vois pas d'autres solutions... pour le moment.

Mais «en attendant ce jour», comme le chantait Jacques Brel, je conseille à tout travailleur de se loger au plus près de son lieu de travail, de changer de boulot s'il le faut. Le conjoint travaille «en ville», l'autre «en banlieue» ? Que l'un ou l'autre change de boulot, de lieu de travail ou... alors, «dormir en ville».

Autre possibilité : fermer le robinet de l'immigration. En raison de notre faible taux de natalité, notre population plafonnera puis décroîtra. Lorsque la circulation automobile aura retrouvé une fluidité «acceptable», on pourra rouvrir un peu le robinet...

Solution drastique, j'en conviens. Car elle neutraliserait puis infléchirait notre  croissance économique (notre PIB). Elle modifierait aussi notre structure démographique, altérant ainsi le marché de l'emploi, nos retraites, etc.

Mais d'un autre côté, nous consommerions moins rapidement les ressources non renouvelables de notre planète...

Avez-vous d'autres suggestions?

Commentaires

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Ou pourrions-nous, comme à Stockholm (Suéde), adopter «une taxe sur la congestion»?

    http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/296924/stockholm-vivre-sans-embouteillage

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  3. Très intéressant, Paul. Travaillant en périphérie du domaine des transports (ponts et viaducs...), je sais depuis longtemps que le MTQ est simplement un .. gros contracteur!
    Pour une vision alléchante du transport urbain, je te suggère d'ajouter à ta liste de liens préférés celui-ci: copenhagenize.com

    Le cycliste de Québec.

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