Philosophie et écologie / Le pétri dans le pétrin. Ou l'optimum de l'habiter de l'humanité...

Quand je contemple ce qu'il faut pour créer et entretenir un barrage hydroélectrique et tout le réseau, du barrage à ma cafetière, je ne vois guère de différence entre «ce qu'il faut pour» du côté de H-Q et «ce qu'il faut pour» du côté d'Areva - qui fabrique des réacteurs nucléaires. C'est que la même motivation est mise en branle, peu importe le régime politique (dictature ou démocratie) : générer de l'électricité pour «répondre à la demande», actuelle et/ou future. La chute ou l'uranium ainsi «harnachés» forment alors avec le réseau une infrastructure énergétique susceptible d'alimenter et/ou de rameuter des ménages et des industries, de «créer de l'emploi et de la richesse» dans les secteurs primaires, secondaires et tertiaires du pays.

Donc, «ce qui est ou fait science et technique» est en fait orienté par le résultat souhaité en regard des besoins (?) et des ressources matérielles, intellectuelles et financières disponibles. La politique ou «l'état d'esprit du peuple» peut sans doute accélérer ou ralentir la mise en place de telles infrastructures, mais c'est surtout la capacité de se les payer qui importe : Areva peut vous fournir un réacteur nucléaire clé en main et même l'opérer pour vous... si vous en avez les moyens.

Ce qu'il faut questionner, ce sont évidemment les besoins. Sont-ils vraiment illimités? S'ils sont illimités, peuvent-ils être satisfaits? Et, surtout s'ils sont illimités, doivent-ils l'être, en regard du fait que la Nature, elle, a ses limites? Car doit-on sans relâche rappeler que l'humanité est de la Nature dans la Nature?!

Bourrez un pétri d'une gelée «nutritive», flanquez-y quelques bactéries d'une même espèce et placez le pétri dans l'étuve à la température optimale. Et elles s'y multiplieront jusqu'à ce qu'elles crèvent dans leurs déchets toxiques.

La Terre est le pétri. Son écosphère est la gelée nutritive. L'humanité est une espèce de bactérie... parmi tant d'autres, comme toutes les autres, et donc susceptible d'être éliminée ou... de trouver sa niche dans l'écosystème planétaire.

Je me dis que lorsque l'humanité commence à recycler ses déchets, à pomper le méthane de ses dépôts d'enfouissement, à faire de la pisciculture parce qu'il n'y a plus de poissons dans les océans, à triturer le code génétique des organismes vivants (et même les siens) pour «booster» les rendements, etc., c'est peut-être qu'elle a dépassé «l'optimum de l'habiter»... et que les habitants du pétri sont désormais dans le pétrin. ;-)

L'industrialisation-urbanisation croissante, couplée à la croissance démographique, ressemble bien à cette pandémie de bactéries dans un pétri. Et elle n'a pas grand-chose à voir avec quelque «optimum de l'habiter», avec la recherche consciente d'un «mieux-vivre-ensemble» ou d'une «participation citoyenne à la vie démocratique»...

Pour le moment, l'optimum de l'habiter, c'est pour les rares richissimes qui peuvent se le payer... et en payer les mesures qui en assurent la sécurité. Et pour ce qui est de l'optimum de l'habiter de notre future humanité... faudra voir ce qu'il en sera dans quelques dizaines d'années, lorsqu'elle aura épuisé ses dernières ressources pétrolifères et uranifères.

Rendons-nous à la raison suivante : si «l'Homme est un animal raisonnable», l'humanité est, pour le moment, une colonie expansive fort déraisonnable. Or, les mutants ne sont massivement générés que dans le creux d'une extinction massive, dans le creuset toxique d'un tout nouveau «bouillon de culture»... ;-)

Merci à Alain Vézina pour m'avoir inspiré ce texte. Et je vous assure qu'il n'y est pour rien dans mes prises de position loufoques à l'égard de l'humanité... et de son avenir. ;-)

Source de la photo : Marie-Hélène Dorais, Héritage Saint-Bernard

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