Contempler la limite


Ma traduction de Looking at the Limit, de Paul Chefurka (27 mai 2013).

Bonne lecture !

* * *
Le modèle industriel de notre civilisation exige l'accroissement progressif de la consommation d'énergie. D'un point de vue global, la provenance de l'énergie importe peu (combustibles fossiles, hydroélectricité, nucléaire ou énergies renouvelables), tant que l'impératif thermodynamique d'accroître le flux d'entropie dans l'environnement - en augmentant le débit d'exergie de la civilisation - est satisfait. Car le vecteur sous-jacent de la civilisation est la simple et élémentaire thermodynamique des systèmes ouverts. Même si nous nous débarrassons des combustibles fossiles et de l'énergie nucléaire, ce sous-système continuera d'opérer.

Ce n'est pas nécessairement le résultat de mauvaises décisions humaines. L'impératif de croissance qui a été rendu nécessaire par la deuxième loi de la thermodynamique est le coupable ici.

Se développant, la civilisation a besoin d'énergie pour deux raisons: pour maintenir sa base d'actifs cumulative (toutes les choses que nous avons construites à ce jour), et pour construire de nouveaux actifs afin de soutenir la croissance de la population et ses niveaux d'activité (qualité et mode de vie).

Selon Tim Garrett de l'Université de l'Utah, juste soutenir notre base d'actifs accumulés nécessite ~ 9,7 mW (milliwatt) de puissance pour chaque dollar constant de l'année 1990 du produit mondial brut cumulé (cumulé sur au moins les 2 000 dernières années). Ce n'est que lorsque cette barre a été atteinte que nous pouvons consacrer de l'énergie à la production de nouveaux actifs. En dessous de ce niveau, peut-être passerions-nous dans quelque chose qui ressemble à «l'effondrement catabolique» de John Michael Greer.

Basée sur l'analyse de Tim Garrett, voici la situation depuis 1900. Le graphique montre la quantité d'énergie dépensée pour l'entretien de la base d'actifs existante, et sa réciproque : la quantité d'énergie mise de côté pour développer la civilisation. Notez que «l'énergie pour le développement» (New Builds) est en baisse depuis 1970.


Si cette évaluation est correcte, nous risquons de chuter dans l'effondrement catabolique avant 2030, à moins que nous puissions augmenter considérablement la quantité d'énergie que nous pouvons générer. L'augmentation de l'efficacité énergétique de quelques pour cent ne suffira pas.

Vous contemplez peut-être les limites actuelles de la croissance.

Un communiqué de presse de l'Université de l'Utah parle des résultats de Garrett.

Et une dernière remarque... Malgré toute la publicité faite autour de l'idée, l'amélioration de l'efficacité énergétique seule ne peut, sur le long terme, diminuer la consommation d'énergie. C'est que les améliorations de l'efficacité augmentent tout bonnement la quantité de travail qui peut être effectuée par la même énergie. Comme ce travail est traduit en argent, la civilisation ne cesse de gagner en expansion. C'est le Paradoxe de Jevons opérant à l'échelle de toute notre civilisation.


Paul Chefurka
27 mai 2013

Cet article peut être reproduit, en tout ou en partie, par tout moyen et à quelque fin que ce soit, sans aucune restriction.











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