Pétrole / Imaginez...


Durant quelques minutes, imaginez… Un bon matin, il n’y a plus d’essence à votre station service, nulle part à des centaines de kilomètres à la ronde. Son prix est d’ailleurs… hors de prix. Votre lieu de travail est à plus de 70 Km de votre bungalow. De retour chez vous, « b’en écoeuré », éteignant le moteur de votre bon vieux 4 par 4 sur ses dernières vapeurs, vous téléphonez à votre patron, vous excusant de ne pas avoir suffisamment stocké « la très précieuse », mais il vous répond : « T’en fais pas… De toute manière, nos fournisseurs ne livreront probablement pas, et nos livreurs cherchent toujours du carburant. Je ne sais pas combien de jours on va pouvoir encore tenir. Je te rappelle dès que le vent tourne. »

Pas vraiment mécontent de prendre quelques journées off, vous allez au frigo pour en extraire la toute dernière bière… que vous décapsulez cérémoniellement. Vous allez vous asseoir sur votre terrasse, face à votre piscine hors terre et : « Merde ! J’espère qu’il reste encore du chlore chez Le King de la Piscine… » Mais après une ou deux gorgées bien appréciées, maintenant un peu plus décontracté, une idée vous vient : « Bof ! Au pire, je pourrai y ensemencer de la perchaude. Et, tout autour, je planterai quelques choux et quelques navets. Le navet, ça pousse sans problème et ça se conserve bien en hiver. » Une autre gorgée et un regret fait surface : « J’aurais dû faire comme Francine, la cousine, et acheter un poney plutôt que ce foutu 4 par 4 ! »

Notre parc automobile consomme la moitié de notre énergie. Alors, faute d’avoir construit quelques autres Baie-James, nous ne pourrons pas recharger nos automobiles électriques durant la nuit ou faire le plein d’hydrogène. Et pas de nucléaire faute d’avoir eu les couilles pour régler une fois pour toutes le problème du stockage sécuritaire des déchets radioactifs. Pourtant, n’avons-nous pas creusé assez de mines dans le Bouclier canadien pour les y bétonner durant des millénaires ? Mais, de toute façon, y a-t-il assez d’uranium ? À quel prix et pour combien de temps ? Et quel est le coût de production d’un kilowatt-heure nucléaire quand on tient compte de tous les coûts : de la conception à la fermeture, « disposition sécuritaire des déchets » incluse?

D’autre part, je me demande parfois combien d’habitants il faut être au Québec pour y vivre… heureux ? La population québécoise a passé la barre des 7 millions et on se bouscule de plus en plus sur les ponts et les autoroutes. Et nos banlieues, si énergivores, s’étalent encore… toujours plus loin de nos deux mégapoles, grugeant des terres qui ne nous nourriront plus quand les oranges de la Floride seront hors de prix… ou sous un mètre d’eau. À quand une planification rationnelle de l’occupation du territoire ?

Je commence à me demander s’il nous reste encore du temps pour passer, sans panique, à une société « zéro pétro » et à croissance nulle… Car on ne peut croître indéfiniment dans un monde où certaines ressources essentielles sont limitées, épuisables et insubstituables – les terres agricoles, par exemple.

A+

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