Philosophie / Terre des Hommes et monades poreuses



Parce que doté d’un système neuronal, chaque être sensible est « une monade poreuse », pourrions-nous dire en corrigeant le philosophe allemand, Gottfried Wilhelm von Leibniz (1646-1716).

Si tout être sensible, du ver de terre au rorqual bleu, génère sa propre réalité virtuelle, son propre esprit, seuls les êtres neuronaux les plus complexes d’une même espèce participent d’un même rêve collectif.

Ce rêve collectif constitue la part «exogène introjectée» de la matrice de l’esprit de tout être humain, cette part collectivement entretenue dans laquelle nous naissons, vivons et mourons. C'est, en gros, ce que l'on nomme communément «l'acquis» ou «notre bagage culturel». L'autre part, la part «endogène» de la matrice de l'esprit, est ce que l'on nomme, en gros, «l'inné».

En scrutant une carte routière, en lisant le nom d’une rue, un numéro civique, en supputant le nombre de poutres que nous pourrions tirer d’un arbre esseulé en bordure de la route, en visionnant la pub du « dernier modèle » de n’importe quel objet de consommation, en sélectionnant « l’article au meilleur rapport qualité/prix », nous assurons la perduration de cette Terre des Hommes : les cités tentaculaires, les campagnes aménagées en champs de méthanol, les montagnes transformées en pistes de ski et de snowboard, les forêts, les rivières et les lacs aménagés en parcs et en pourvoiries, le ciel truffé de satellites d’observation et de communication…

Aussi bien éveillé qu’il nous semble l’être, chacun d’entre nous n’en participe donc pas moins, plus ou moins consciemment, de ce Grand Rêve des Hommes qui nous transforme et que nous transformons, qui transforme notre environnement et que notre environnement transforme.

Le rêve collectif des Hommes a donc la forme subtile d’un immense «patchwork in progress», un patchwork dont chaque pièce n’est autre que l’événe–mentalité unique de chaque individu. Une événe–mentalité qui se constitue et se transforme sans relâche dans et par l’intersubjectivité, c’est-à-dire dans et par les innombrables rapports que nous entretenons entre nous, et entre nous et nos productions.

Le Grand Rêve des Hommes et la Terre des Hommes s'interconstruisent donc sur cette Terre qui ressemble de plus en plus à une seule Mégalopolis : en 2050, 9 milliards d'humains rêveront peut-être encore d'un monde meilleur...

A+

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