Bouddhisme / Le Réel et nous


Il n’y a toujours que le Réel. Nous y naissons, y vivons, y mourrons. Et notre absence, passée et future, est sans réalité. Seuls les souvenirs que les vivants se remémorent en songeant aux décédés le sont : réels.

Tant que nous en sommes, nous sommes aussi réels que le Réel. C’est pourquoi nos douleurs, nos peines, nos plaisirs et nos joies sont si… denses. C’est pourquoi nos vies sont si intenses – qu’elles soient tragiques, comiques, sérieuses, ordinaires ou carrément ennuyeuses. Et que nous abhorrons la mort : celle d’autrui, de nos proches et, évidemment, la nôtre. Mais lorsque nous n’en sommes plus, le Réel n’en demeure pas moins…

Tout étant réel, aucun de nous n’est plus réel, plus… important qu’un autre. Tous se valent. Comme chaque coup de pinceau composant une vaste fresque impressionniste. Une fresque sans cesse recomposée. Nous faisons donc tous partie du même Réel, de la même Famille. C’est pourquoi l’on prend soin des autres comme de soi. Ou, du moins, le devrions-nous.

Entre nous et le Réel, entre le Réel et nous, il n’y aucune différence, aucune distance : nous sommes de la même pâte, d’une seule étoffe. Un seul Fleuve, un seul Souffle. De ce point de vue, il n’y pas de Nous, il n’y a pas d’Autre. « Seigneur ! Je cherche ta face… » Mais sa face est toujours sous nos yeux - et derrière nos yeux. Et si nous ne la voyons pas, c’est parce qu’elle ne fait pas notre affaire, notre petite affaire.

Le Réel est une fresque fluide. Il vaut mieux s’y faire… et y porter humblement notre touche.

L’impermanence est la nature de Bouddha.
La nature de Bouddha est sans Soi.

A+

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