Enseignement et religion / Éthique et culture religieuse : relativisme ou absolutisme, approche scientifique ou doctrine?


Dans un article paru sur Cyberpresse, la journaliste Ariane Lacoursière nous rappelle que...

La Cour d'appel du Québec décidera dans les prochains jours si elle accepte ou non d'entendre les parents qui dénoncent le caractère obligatoire du nouveau cours Éthique et culture religieuse (ECR) à la commission scolaire des Chênes, dans le Centre-du-Québec. (...) L'an dernier, 2300 parents ont demandé que leurs enfants ne suivent pas le cours ECR.

Et elle nous rapporte ainsi les dires d'un parent : «Le cours d'éthique enseigne le relativisme religieux comme une doctrine. On s'oppose à ça», dit Jean Servais, qui souhaite que sa fille soit exemptée du cours.

Question 1. Mais, monsieur Servais, le cours Éthique et culture religieuse devrait-il alors enseigner le relativisme religieux comme étant une approche scientifique? Or, n'est-ce pas selon cette approche qu'il est déjà enseigné?

Question 2. Mais, monsieur Servais, le cours Éthique et culture religieuse devrait-il alors enseigner l'absolutisme religieux comme une doctrine? Or, n'est-ce pas selon cette approche que toute religion est déjà transmise aux enfants par leurs parents et ce, bien avant «l'âge de raison»?

Question 3. Monsieur Servais, devrait-on y enseigner, contre tout bon sens, que «toute religion est la seule vraie religion»?

Question 4. Monsieur Servais, selon vous, comment ce cours devrait-il être enseigné?


Paul Racicot
Baccalauréat spécialisé en religiologie, UQAM, 1991.

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Commentaires

  1. M. Racicot vous pouvez être pour le relativisme religieux avec vos enfants (bien que je pense que ce soit assez contreproductif et une perte de temps).

    Ce que M. Servais demande c'est que son droit de choisir une forme d'éducation religieuse ou philosophique pour ses enfants soit respectée, que l'État ne décide pas, ne le préempte pas et n'impose pas le relativisme religieux. Il est évident qu'en tant que croyant il n'est pas relativisme.

    Car soyons bien franc, Jean-Pierre Proulx a été bien clair l'objectif du cours (rapport Proulx page 90) est pour l'État de relativiser la transmission de la religion des parents afin « de favoriser le vivre ensemble » (phrase code pour dire imposer le multiculturalisme culturelle et le pluralisme normatif en matière religieuse ou philosophique).

    Je m'étonne que vous sembliez défendre cette volonté de l'État de s'immiscer dans cette transmission.

    Au passage, Georges Leroux a reconnu au procès de Drummondville qu'il s'agissait d'une méthode jacobine.

    http://pouruneecolelibre.blogspot.com/2009/05/georges-leroux-le-pluraliste-jacobin-1.html


    À méditer :

    http://pouruneecolelibre.blogspot.com/2009/08/contre-le-pluralisme-du-cours-dethique.html

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  2. Monsieur Ozzie, pour reprendre vos mots à ma façon, je doute fort que la volonté de l'État soit de s'immiscer dans la transmission de la religion des parents à son enfant. Ce cours présente diverses croyances et pratiques religieuses à l'enfant : son objectif n'est pas de l'endoctriner à TOUTES les religions présentées, n'est-ce pas? D'ailleurs, l'endoctrinement d'un enfant dans une religion, ça, c'est le boulot des parents croyants, pas celui de l'État, du nôtre, à tout le moins. ;-)

    Certains parents et enfants et ados croient en Dieu, d'autres en Allah, d'autres en Yahvé, d'autres en rien de particulier... Quel mal y a-t-il à ce qu'un enfant soit mis au fait de cette diversité de croyances (ou d'incroyances)? Je trouve que c'est faire beaucoup de chichi pour rien. Car, quoi qu'il en soit, l'enfant a toujours pour premiers modèles, pour modèles de référence, ses parents : ce sont « ses premiers dieux »... Et il est assez rare de le voir échapper à la Puissance Supérieure qu'eux-mêmes vénèrent. ;-)

    Salutations distinguées,

    Paul Racicot

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  3. Et, pour répondre à votre énoncé que ce cite ici in extenso : « Jean-Pierre Proulx a été bien clair : l'objectif du cours (rapport Proulx page 90) est pour l'État de relativiser la transmission de la religion des parents afin « de favoriser le vivre ensemble » (phrase code pour dire imposer le multiculturalisme culturelle et le pluralisme normatif en matière religieuse ou philosophique) »...

    1. Je ne vois rien de problématique dans le fait de « relativiser la transmission de la religion des parents afin "de favoriser le vivre ensemble" ». Il s'agit de préparer l'enfant à la rencontre et au dialogue, à la compréhension de l'autre et, pourquoi pas, à l'amitié inter-religieuse. Mais, de toute manière, l'amitié, ou la simple bonne entente, a souvent bien peu à voir avec la confession, mais plutôt avec les affinités et les complémentarités des caractères et les projets communs...

    2. Je doute fort que l'État tente ainsi d'« imposer le multiculturalisme culturel ». Euh... pourquoi cette redondance sémantique? De toute manière, nous vivons en plein multiculturalisme, que nous le voulions ou non : vous n'avez qu'à ouvrir votre journal, la radio, la télé, votre portail de nouvelles web, à prendre le métro, à vous "caller" une pizza aux anchois ou des mets thaï... Et personne ne vous impose d'aimer la cuisine thaïlandaise pour autant.

    3. Je doute tout autant que l'État tente d'« imposer le pluralisme normatif en matière religieuse ou philosophique ». Car la multiplicité des religions s'imposent à l'évidence. L'État ne peut donc que souhaiter la bonne entente ou, à tout le moins, la... tolérance entre les croyants. Faisons donc connaissance, on « paranoïra » moins !

    Le pluralisme normatif en matière philosophique s'impose de lui-même : il y autant de philosophies que de philosophes. (Sans compter quelques idéologies...) Ce qui ne veut pas dire que toute philosophie doive recevoir notre approbation béate ! On doit simplement reconnaître qu'il y a plusieurs chemins de sagesse et... de bêtise.

    D'autre part, s'il s'agissait d'indiquer un « pluralisme normatif en matière d'éthique », plutôt que de philosophie, il nous faudrait sans doute convenir que l'éthique est cet art de prendre des décisions au sujet de cas limite ou d'exception en matière de morale. Or, dans le cadre de ce cours d'éthique et de culture religieuse, je présume plutôt qu'il s'agit d'inviter l'enfant ou l'adolescent à réfléchir sur des attitudes et des comportements à adopter (ou à rejeter) en regard de diverses situations qu'il pourrait rencontrer dans sa quotidienneté...

    Salutations distinguées,

    Paul Racicot

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  4. "Je ne vois rien de problématique dans le fait de « relativiser la transmission de la religion des parents afin "de favoriser le vivre ensemble" ». Il s'agit de préparer l'enfant à la rencontre et au dialogue, à la compréhension de l'autre et, pourquoi pas, à l'amitié inter-religieuse."

    Préparer l'enfant au dialogue ?

    Quel est ce charabia ? On dirait du Georges Leroux.

    Depuis quand cela devrait-il l'objectif des parents qui ne suivent pas le culte pluraliste religieux ?

    Vous approuvez donc ? Et qui doit décider, si je comprends bien pour vous l'État peut décider ce qui vous paraît normal aux enfants des autres. C'est cela ?

    Tous les totalitarismes commencent ainsi : imposer aux autres ce qui "est normal" et "bon" contre leur gré.

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  5. Oui, préparer l'enfant au dialogue avec les enfants d'autres confessions religieuses. Que votre enfant de parents chrétiens dialogue avec un enfant de parents musulmans, cela vous pose problème? Moi, je n'en vois aucun. Vous craignez «une contamination» ou quoi?

    À ce que je sache, il n'y a pas de «culte pluraliste religieux». C'est quoi ce... truc?

    Vous écrivez : «...si je vous comprends bien, pour vous, l'État peut décider de ce qui vous paraît normal aux enfants des autres. C'est cela?»

    Je vous réponds : Je ne sais pas au nom de quelle «secte» vous parlez, mais quand j'ai été envoyé à l'école primaire, j'ai fait 6 ans «chez les bonnes soeurs de la Providence», j'ai appris mon catéchisme, fait ma communion et ma confirmation «en toute bonne foi». Mais je ne savais nullement ce que l'on m'imposait alors... Selon vous, ne serait-ce pas là du «totalitarisme»? C'est ce que j'ai finalement compris à l'âge de 14 ans : on m'avait imposé une religion pour combler mon ignorance en matière de «liberté religieuse», on avait endoctriné mon cerveau d'enfant. J'ai alors «décroché» pour m'engager dans un long questionnement philosophique. Peu importe.

    Vous savez, on impose l'école aux enfants... «pour leur bien», comme on dit. Serait-ce aussi du «totalitarisme»? Et un parent n'a pas le droit de ne pas envoyer son enfant à l'école. Serait-ce aussi du «totalitarisme»? L'enfant y apprend à lire, à écrire et à compter, etc. Alors pourquoi pas aussi un cours en Éthique et culture religieuse? On ne leur demande pas de renier, d'abjurer leur foi naissante et de croire en toutes les divinités et religions qu'on leur présente, mais seulement d'en prendre connaissance. S'il apprend l'anglais ou l'espagnol, vous croyez qu'il en perdra sa langue maternelle? Alors, où est votre problème?

    J'ai suivi je ne sais trop combien de cours de philosophie, de psychologie, d'anthropologie, de morale, de cours sur de nombreuses mythologies, grandes et «petites» religions. Est-ce que je crois en chacune des théories philosophiques proposées, en chacune des écoles de psychologie étudiées, en chacune des religions étudiées? Non. C'est tout bonnement intéressant, stimulant. Cela m'a fait mieux comprendre mes semblables, l'histoire, les sociétés, les cultures, etc.

    Si, un jour, votre enfant, adolescent ou jeune adulte prenait de lui-même la décision de suivre un cours sur l'Islam ou sur la religion juive orthodoxe, cela vous ferait-il «freaker»? Mais que diable craignez-vous donc? De perdre l'emprise que vous avez sur la formation religieuse de votre enfant? Allons donc ! Vous l'avez déjà, non? N'est-ce pas vous qui l'amenez à la messe tous les dimanches que Dieu fait?!

    Vraiment, je ne vois pas où est votre problème.

    Salutations distinguées,

    Paul Racicot

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  6. Ce 25 février, Le Devoir en ligne nous rapportait que «La Cour d'appel a fermé la porte à double tour pour les parents qui voudraient soustraire leurs enfants au cours d'éthique et de culture religieuse.»

    Le débat est donc clos.

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